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Aventure en Guyane
à l’époque où la jungle était intacte

10 ans de vie de Robinson en Guyane à une époque ou la Jungle était encore intacte et témoignage sur sa destruction.

Le jaguar ou ’’Tigre’’
Panthera onca

Le splendide et fascinant jaguar, roi de la forêt incontesté, appelé tigre en Guyane et Panthera onca par les scientifiques.

Article mis en ligne le 26 juin 2016
dernière modification le 27 octobre 2021

par Christian Voillemont

En Guyane, comme tous les autres félins, il est appelé tig’ en créole.

Animal mythique, roi incontesté de la forêt guyanaise. C’est le plus grand félin d’Amérique du Sud avec son collègue le puma.
Il est le héros de bien des légendes et contes et a été divinisé par de nombreuses civilisations précolombiennes.

 Panthera onca.

Le jaguar (Panthera onca) est un félidé apparenté au léopard. Il partage le genre Panthera avec le tigre, le lion et le léopard. Son aire de répartition actuelle s’étend du Mexique au nord de l’Argentine et au Paraguay. Il a disparu des états unis en 1970.

Le jaguar est le troisième plus grand félin après le tigre et le lion. Même si ce félin tacheté ressemble au léopard, son comportement est plus près de celui du tigre. Il peut vivre aussi bien en forêt dense que dans les zones humides et il aime nager, comme les tigres et il est un roi de l’escalade. Prédateur solitaire, ses morsures contrairement aux autres félins sont d’une puissance exceptionnelle. Doté de puissantes mâchoires, il est capable de percer les carapaces de tortues, de caïmans, peaux des reptiles. Il peut mordre dans le crâne de ses proies entre les oreilles provoquant une mort rapide de ses victimes. Il a aussi l’habitude de casser les cervicales des caïmans par exemple ou de tuer les petites proies d’un coup de patte. Discret, même s’il est actif la moitié de la journée, c’est un animal nocturne qui a un pic d’activité au lever et au coucher du jour. Le jaguar préfère les proies et de grandes tailles et il chasse les cervidés, capybaras, tapirs, pécaris, pumas, chiens, chats, paresseux, singes, renards, anacondas, caïmans et même des grenouilles, souris, oiseaux, poissons et des tortues !

Chasseur redoutable, il se promène à la recherche de gibier. Lorsqu’il en détecte, il les traque, s’embusque en restant invisible et attaque d’un bond par surprise. Aucun autre animal, sinon peut-être le Puma, n’a sa discrétion et son efficacité. La proie tuée, il va la cacher dans un endroit discret et sécuritaire pour la dévorer. Il est même capable de traîner sa proie dans un arbre, car il a une grande force.

Le jaguar attaque rarement l’homme et les rares cas observés l’ont toujours été par des jaguars blessés qui ont attaqué leur agresseur.

 Le statut du jaguar en Guyane

Le jaguar est une espèce menacée. En Guyane en particulier, victime d’une chasse importante malgré sa protection, ses effectifs se sont effondrés et des études récentes montrent que de toute l’Amérique du Sud, c’est là que sa densité est la plus faible ! Vous trouverez facilement sur Internet des photos de braconniers exhibant fièrement leurs trophées et leur impunité de fonctionnaires français...

 Les espèces de jaguars :

selon Mammal Species of the World, il existerait neuf sous-espèces du jaguar :

* Panthera onca onca (Linnaeus, 1758) : Venezuela, sud et est du Rio Grande do Sul au Brésil
* Panthera onca arizonensis (Goldman, 1932) dit « jaguar de l’Arizona » : de l’Ouest de l’Arizona à la Sonora
* Panthera onca centralis (Mearns, 1901) dit « jaguar de l’Amérique centrale » : du Salvador à la Colombie
* Panthera onca goldmani (Mearns, 1901) dit « jaguar de Goldman » : de la péninsule du Yucatán à Belize et au Guatemala
* Panthera onca hernandesii (Gray, 1857) dit « jaguar du Mexique » : ouest du Mexique
* Panthera onca palustris (Ameghino, 1888) : Paraguay et Nord-Est de l’Argentine
* Panthera onca paraguensis (Hollister, 1914) : Paraguay et Nord-Est de l’Argentine
* Panthera onca peruviana (de Blainville, 1843) dit « jaguar du Pérou » : côtes du Pérou
* Panthera onca veraecruscis (Nelson & Goldman, 1933) : centre du Texas et Sud-Est du Mexique
* Panthera onca paraguensis

Cela est remis en cause par des investigations génétiques qui montrent que des individus du Nord du Mexique s’avèrent identiques à ceux du Sud du Brésil. Cela démontrerait que les jaguars ont mélangé leurs gènes en permanence et seraient très mobiles.

 Les caractéristiques du jaguar

Le poids des femelles de jaguar qui est plus petite que le mâle oscille entre 56 et 96 kg. Les plus gros mâles peuvent peser jusqu’à 159 kg autant qu’une lionne ou qu’une tigresse ! Sa longueur peut aller jusqu’à 1,80 m et sa queue mesurer 80 cm. Sa hauteur au garrot 76cm. La taille et la couleur varient beaucoup en fonction de l’habitat et des zones géographiques. Au Mexique, les moyennes de poids ne sont que de 40 kg alors qu’il peut atteindre 100 kg dans le Pantanal !

Le pelage du jaguar est généralement jaune tacheté avec des rosettes de camouflage très efficaces dans la jungle. Les tâches ne sont pas régulières, avec un ou plusieurs points de forme qui varient selon les individus. Six pour cent de la population est touchée de mélanisme et sont entièrement noirs, même si en observant bien, les tâches sont visibles, on les nomme ’’panthères noires’’. Le phénomène d’albinisme existe aussi avec les « panthères blanches » mais est beaucoup plus rare.

Les femelles atteignent leur maturité sexuelle à deux ans et les mâles à trois ou quatre ans. Il peut se reproduire toute l’année, mais des observations laissent penser que la reproduction a lieu surtout quand les proies sont abondantes.

La gestation est d’une centaine de jours et la mère élève seule les petits, car les mâles peuvent être cannibales et la femelle les chasse pour défendre ses petits. Sevrés entre trois mois et six mois ils vivent avec leur mère deux ans pour apprendre les rudiments de la chasse et de la survie. Ils vivent ensuite solitaires sur des territoires de 25 km 2 pour les femelles et du double pour le mâle. Si les territoires des femelles peuvent se chevaucher, celui des mâles lui est exclusif et il en chassera tout autre mâle. Les territoires sont marqués par des griffures sur des arbres et des dépôts d’urine et par des rugissements. Les combats entre mâles sont rares, leurs vocalises étant souvent suffisantes pour faire fuir l’intrus.
Comme le léopard, le jaguar a toute une gamme de vocalises qui vont de toussotements, de miaulements, de grognements, de grondements voire même des soufflements.

 Histoires de jaguars :

Il était fréquent en forêt de s’éveiller au petit matin et de trouver des traces de jaguar autour du campement. J’ai eu la joie et le plaisir d’en observer plusieurs, dont une ’’panthère noire’’. Cet animal me fascinait par sa grâce, sa puissance et sa ruse. C’est devenu mon animal fétiche et j’ai protégé entre 1982 et 1992 la famille de jaguars qui vivait dans mon petit coin de jungle et bien d’autres.

Des amis indiens du haut Maroni, m’avaient racontés comment ils avaient fait un pacte avec le jaguar et me proposaient de m’aider à en faire un pour que moi-même et mes animaux domestiques, chiens, chats, chèvres, canards, poules puissent vivre sans être inquiétés. Ils m’ont raconté de nombreuses légendes et histoires sur le jaguar et expliqué ce qu’il fallait faire pour sceller un pacte avec lui. Cartésien, j’oubliais bien vite tout cela.

Quelques mois plus tard, en chassant avec un indien de Mana, nous sommes tombés sur une femelle jaguar et ses petits qui semblait nous suivre. Inconscient comme je l’étais et sans peur, j’ai décidé d’essayer de lui piquer un petit pour l’apprivoiser. L’indien était contre et a essayé de m’en dissuader... mais quand j’ai une idée en tête... je suis plus têtu que mes ânes ! On c’est donc mis à pister la femelle qui nous avait suivis toute la matinée quand soudain, j’ai entraperçu une petite tache de couleur dans un épais fourré... J’ai envoyé l’indien le contourner et j’ai foncé et je suis tombé nez à nez à moins d’un mètre avec la mère... Me rappelant les histoires que m’avaient contées les Indiens, j’expliquais au jaguar que je regrettais et que j’étais prêt, comme mes amis indiens à sceller un pacte avec lui. Le jaguar s’assit, me regarda dans les yeux et lorsque j’avais fini mes explications, se leva et partit. Mon ami indien était médusé, il avait assisté à toute la scène et en était impressionné. J’avais parlé au jaguar et celui-ci était resté tranquille à m’écouter oubliant mon agression ! Cette histoire, grâce à ce témoin oculaire, a été ensuite racontée aux Bonnis, Saramacas et aux Indiens de la région.

Hé bien, ce jour l’à, j’ai parlé au jaguar, scellé un pacte et ensuite j’ai vécu en paix avec eux !
Quelques mois plus tard, il m’est arrivé une histoire étrange ou un jaguar m’a livré, bien malgré lui un copieux repas alors que je mourrais de faim (je raconte cette histoire extraordinaire dans mon livre ou en conférences).

Quelque temps plus tard, mes amis Indiens du Haut Maroni, apprenant ces histoires par un Boni de Maripasoula qui avait un abatis pas très loin de chez moi, revinrent me voir et m’incitèrent à sceller le pacte avec le jaguar par une cérémonie. Sceptique, mais intrigué, je me pliais à leur volonté La cérémonie fut simple, mais très impressionnante.
Aussi étrange que cela puisse paraître et sans que je puisse l’expliquer, aucun jaguar n’a jamais attaqué mes animaux alors que les fermes et abattis tout autour se faisaient tuer chiens, chats et animaux de ferme régulièrement !

Petit à petit, je commençais à croire ce que mes amis Indiens m’avaient raconté d’autant plus qu’une femelle jaguar élevait ses petits à quelques centaines de mètres de mon abattis. Nous vécûmes en bonne intelligence. Je la protégeais des chasseurs et j’avais le bonheur de la voir, elle et ses petits fréquemment sans qu’elle me fuît, elle tolérait ma présence. Je restais à distance raisonnable et elle me saluait d’un regard puis m’ignorait, retournant à sa farniente !
Il m’arrivait de lui amener des amis Indiens ou Bonis qui étaient émerveillés de voir de si près un si bel animal. Elle adorait dormir sur une grande branche, les pattes pendantes, surveillant du coin de l’oeil les facéties de ses petits. Au contact de ce noble animal, je cessais la chasse, devint protecteur de mon coin de forêt et je cessais de fréquenter les chasseurs de tous acabits demandant à mes voisins de renoncer à chasser les fauves ce qu’ils firent tous impressionnés par la relation que j’entretenais avec les jaguars et qui pour eux était ’’magique’’.

Les pratiques de respect mutuel de la faune apprises lors de cette aventure, je les ai reprises au Québec et mes chiens, chats, poules et jardin vivent en bonne intelligence avec la faune sauvage. Je n’ai jamais eu de prédation de ratons laveurs, marmottes, loups coyote alors qu’ils vivent tout autour !

 Le jaguar et les chiens

Les jaguars aiment les chiens au fond de leur estomac, mais pas du tout sur leur territoire. Curieux, le jaguar aime inspecter son environnement et le chien donne l’alerte. En tuant le chien, il débranche le système d’alarme de l’homme et fait un bon repas... à quelques kilomètres de mon abattis, vivait une famille de métropolitain qui coulait une retraite paisible entre-deux attaques de brigands. Ils avaient deux horribles chiens, courts sur pattes, avec des mâchoires impressionnantes et un caractère impossible. Gardiens féroces, ils protégeaient leurs maîtres avec un zèle excessif qui les privait de la visite de leurs amis...
Un soir, alors que la dame lisait dans son salon, elle entend un bruit. Le plus vindicatif des deux monstres grogne.
Elle prend son fusil, ouvre prudemment la porte qui donne sur sa terrasse, regarde à droite, à gauche, fait un pas en avant et s’arrête écoutant les sons de la jungle son molosse grogne entre ses jambes. Soudain, une ombre sort de l’obscurité, saisit son chien et disparaît. La scène a été brève, le chien n’a même pas crié et rien vu venir et a disparu dans la gueule du fauve. L’autre chien, moins téméraire et plus sociable, était en arrière, tremblant. Au petit matin, elle est venue me voir et avec deux trois personnes nous avons fait des battues pour retrouver le chien, en vain bien sûr. La scène a été tellement brève, tellement rapide, tellement traumatisante que la femme dès la nuit tombée se barricadait chez elle, refusant de sortir quoiqu’il arrive. Étrangement ce jaguar lui a sauvé la vie, car quelques mois plus tard, elle a été attaquée par des brigands. Ils ont essayé de la faire sortir en faisant des bruits divers pour exciter le chien. Méfiante elle est restée armée et cachée chez elle pensant que c’était le jaguar qui revenait. Voyant que leur ruse était vaine, les bandits essayèrent de se faire passer pour des automobilistes en panne. Elle ne leur a pas ouvert, ils ont mitraillé la maison toute la nuit, la blessant au genou et elle les repoussa et les mis en fuite !
L’homme cause de la disparition de ce noble animal
Profitant de la haine du jaguar pour les chiens, les marrons et certains métropolitains peu scrupuleux, pourtant éduqués et ’’civilisés (mais que ne ferait-on pas pour tuer un fauve et pouvoir ensuite s’en vanter ?) attachent des chiens a des arbres, les mutilent et attendent à proximité que le jaguar vienne chercher sa proie. Cette coutume barbare devrait être sévèrement punie, mais les amis des animaux sont rares en Guyane et dans les rangs de ceux qui devraient faire appliquer les lois, se trouvent les pires braconniers, d’où la disparition actuelle de la faune... Les agriculteurs eux, empoisonnent les carcasses des animaux tués par les fauves et tuent du coup le fauve et quantité d’autres charognards inoffensifs... Divinité déchue, le jaguar a déjà disparu des États-Unis et petit à petit disparaît de zones importantes ou il était très présent. En Guyane sous la pression de la chasse, ses effectifs ont chuté de manière importante.
Préservons ce noble animal et son milieu pour les générations futures.
Les populations de jaguars sont en diminution. L’animal est considéré comme une espèce quasi menacée (NT) selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), ce qui signifie qu’elle peut être menacée d’extinction dans un avenir proche.

Le jaguar est protégé depuis 1975 (arrêté préfectoral n°172 1D/2B du 31 janvier 1975), hors vous trouverez aisément des livres, des sites web avec des récits de chasseurs qui les ont massacré dans les années 80/90 (un se vante d’en avoir tué 19 en deux ans).

Photo Michael Schamis wikimedia

Une mine d’infos sur le jaguar sur Wikipédia