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Aventure en Guyane
à l’époque où la jungle était intacte

10 ans de vie de Robinson en Guyane à une époque ou la Jungle était encore intacte et témoignage sur sa destruction.

Pratiquer le SANS TRACES en Guyane.

Découvrir la forêt vierge sans la détruire et sans participer à sa destruction avec une approche responsable.

Article mis en ligne le 2 juillet 2016
dernière modification le 27 octobre 2021

par Christian Voillemont

Voici quelques extraits du livre :

ROBINSONNADES EN AMAZONIE

Guide écologique de découverte de la Guyane en Canoë, en Kayak, à pied « Sans Traces »

 Qu’est-ce que le « sans traces » ?

LES MILIEUX NATURELS, sous l’augmentation croissante du nombre d’usagers, subissent des problèmes d’érosion, de dégradation, de disparition des espèces fragiles ou vulnérables. La population mondiale explose et la pression sur les milieux est forte. En Guyane, l’orpaillage, la chasse, la collecte de plantes, d’insectes, la pêche a considérablement appauvri les écosystèmes. Il est devenu impossible, même dans les lieux les plus reculés de ne pas trouver des traces de passage, de layons, de campements…

Le sans traces est né dans des Parcs naturels Américains en 1982 où pour limiter les impacts énormes de la fréquentation, un ensemble de principes et de réflexions ont été promu pour permettre une utilisation du milieu naturel dans une perspective de conservation. L’usager de la nature est informé de la conséquence de ses actes et un code d’éthique du plein air lui est proposé pour jouir du milieu sans lui nuire et sans le bouleverser.

Cette noble manière d’aborder le plein air inculque le respect du milieu naturel par une meilleure compréhension de l’environnement et permet d’y évoluer en épargnant les écosystèmes fragiles. Le sans traces n’est pas un règlement figé, une loi rigide mais une manière d’être respectueuse de la nature et basée sur une prise de conscience personnelle qui conduit à une découverte harmonieuse et non destructrice des beautés de la nature.

Petit à petit, constatant la raréfaction de la faune, j’ai arrêté l’entomologie, la chasse, la pêche, me contentant d’observer, d’admirer puis petit à petit, j’ai commencé à sensibiliser les usagers de la forêt à sa protection, les incitant à troquer le fusil contre un appareil photo ou une caméra vidéo.

Pour parcourir la jungle en la préservant, il faut partir en changeant nombre de ses habitudes. Voici quelques pistes de réflexions et quelques principes qui vous permettront d’avoir un impact neutre sur les écosystèmes. En ce domaine, il y a deux approches, celle qui consiste à nier ou à ignorer les problèmes illustrés par le proverbe « Après moi le déluge » ou une approche responsable et cherchant à minimiser ou à effacer ses impacts.

 Évaluer son impact Carbone et le minimiser.

Partir pagayer dans la jungle n’a pas d’impact carbone. Mais pour arriver au bord de la rivière, avez-vous pris l’avion ? Avez-vous pris un gros 4 × 4 ? Beaucoup utilisent un moteur hors-bords, un groupe électrogène… L’impact des usagers de la jungle est énorme. Un vol Paris Cayenne, c’est 3.01 tonnes de CO2. L’aller-retour avec ses 6 t 02 est presque équivalent à la production moyenne de CO2 d’un Français en un an (7388 Kg). Il est possible auprès de certaines compagnies aériennes de compenser le carbone dépensé lors du voyage. Les crédits carbones achetés permettront du reboisement entre autres. Il est important de rappeler que l’impact global de l’humain partout dans le monde provoque des changements climatiques qui mettent en péril la survie de la forêt amazonienne. Compenser son carbone, c’est déjà faire un pas dans le bon sens. Arrivé en Guyane, la réflexion doit s’étendre au mode de déplacement et de vie afin de minimiser son impact. Partir en canoë, c’est écologique soit, mais si votre approche est coûteuse en carbone, où est le bénéfice pour la nature ?

 Préparez vos sorties

Partir en forêt ne s’improvise pas. Vous allez partir dans des zones sauvages où tout ravitaillement sera impossible. Le moindre oubli de matériel, de vivre, pourra avoir de fortes conséquences. Pour minimiser les dommages occasionnés à l’environnement, vous devrez être autonome et ne pas laisser derrière vous de déchets. Le choix de l’équipement, des vivres, du matériel est donc primordial. Il doit vous offrir autonomie, sécurité et fiabilité.

Le succès de votre aventure, le plaisir que vous aller en tirer et l’absence d’impact sur l’environnement que vous aurez, sera conditionnel au soin que vous mettrez dans la préparation et l’organisation de votre sortie.

Renseignez-vous sur les lieux que vous allez fréquenter, sur ses difficultés. Renseignez-vous sur la réglementation des lieux que vous visitez et sur leurs particularités. Optez pour la simplicité aussi bien dans le choix des aliments, dans leur préparation que pour le matériel personnel et d’expédition. Chasser le superflu optez pour l’essentiel, le fiable et le durable. Organisez-vous pour produire le moins de déchets possible. Prenez des aliments en vrac, avec peu d’emballage par exemple. Il existe de multiples formats de touques étanches qui vous permettront de transporter vos aliments en vrac et qui sont réutilisables. Des jerricans à eau, en plastique alimentaire permettent de transporter du riz, des lentilles, des haricots rouges, du couac, de la farine, des céréales, du sucre, de l’huile par exemple en prenant un minimum de place. Par leur forme rectangulaire, ils permettent de maximiser l’espace.

 Déplacement

Choisissez un mode d’approche à faible émission de carbone ou compenser. Préférez le canoë, le kayak d’expédition aux bateaux à moteur.

Lors de vos déplacements terrestres, utilisez des GPS, cartes, boussole. Utilisez des layons existants. Ne pas blesser des arbres à coup de machette. N’utilisez pas de peinture, de rubans … Au pire, si vous craignez de vous perdre, marquez avec des rubans fluo que vous récupérerez au retour. Ne coupez pas des lianes, branches … En coupant une liane, vous pouvez détruire des dizaines d’épiphytes qui abritent une faune riche telle que des batraciens, insectes, oiseaux.

 Campement

Choisissez de préférence des lieux de bivouac déjà existant. Ne les agrandissez pas. Ne coupez pas d’arbres pour faire des aménagements, utilisez les parties déjà aménagées. Ne créez un nouveau lieu de campement qu’en cas de nécessité absolue. Ne nettoyez que le minimum. Utilisez des sols rocheux ou des plages pour des bivouacs si c’est sécuritaire au lieu de nettoyer des zones de forêt.

 Hygiène

Ne faites pas vos besoins près de l’eau. Idéalement, creusez un trou à 70 m de tout plan d’eau et rebouchez après usage. En aucun cas, faites vos besoins dans l’eau comme hélas, on le voit trop souvent.

 Le feu

Utilisez des emplacements de feu déjà existants. Ne brûlez que du bois mort avec des techniques de feu peu consommatrices en bois. Éteignez soigneusement le feu à votre départ. Ne faites du feu que dans des endroits sécuritaires où il ne peut pas couver en sous-sol et se propager.

 Gestion des déchets

Ne laissez aucun déchet, rapportez-les. Si vous trouvez des déchets non biodégradables et toxiques comme des piles par exemple (apportées par les chasseurs qui sont de gros consommateurs, elles tapissent les bords de degrads et diffusent mercure et autres polluants dans les rivières), ramassez-les et ramenez-les. Si vous avez bien planifié votre sortie et fait les bons choix, vous aurez peu de déchets à ramener.

 Respect de la nature

Lorsque vous observez la faune, ne la dérangez pas et restez discret. Si vous avez des animaux domestiques, ne les laissez pas divaguer pour leur sécurité et pour celle de la faune sauvage. Ne dérangez pas la faune durant les parades nuptiales, la reproduction, la nidification, l’élevage des petits. Ne collectez ni faune, ni flore, faites des photos ! En tout temps soyez respectueux de la nature, rester neutre, discret et ne déranger ni la faune, ni la flore. Photographiez, filmez sans modération tant que vous respectez la nature. En restant discret et silencieux, respectueux de la nature, vous rentrerez dans l’intimité de la nature et elle se dévoilera à vous dans toute sa splendeur.

Le bousier, le nettoyeur porteur de tiques

Lorsque vous faites vos besoins dans la jungle, le bousier va venir enfouir dans le sol votre caca très rapidement. Mais hélas, chaque bousier est porteur de tiques. Ces tiques vont se hisser dans la végétation avoisinante et venir ensuite vous piquer lorsque vous aller repasser par là ! Il faut donc être d’une hygiène rigoureuse, faire un trou, enfuir de suite votre souvenir et bien regarder ses pieds, ses jambes à la recherche de tiques si vous aller plusieurs fois à la même place.

 Impact positif

Faire la promotion du sans traces

Faite la promotion du sans trace, convertissez de nouveaux adeptes et montrez l’exemple aux personnes que vous croisez. Expliquez-leur le concept, expliquez leur impact sur l’environnement, faite appel à leur conscience et à leur civisme, à leur amour pour la nature.

Donnez des conseils aux autres usagers de la jungle pour minimiser leur impact.

Souvent vous verrez des comportements destructeurs et hautement préjudiciable sur les écosystèmes. Il est courant de voir des vidanges d’huile de moteur dans la rivière ou le fleuve, des jets de déchets dans le fleuve (parfois par des villages au complet !), des toilettes rustiques directement sur le fleuve ou la crique. Souvent cela est fait par ignorance des conséquences. Soyez diplomate, souriant et expliquez les effets de ces comportements sur la faune, flore, sur la santé humaine.

Dénoncer les abus

En 1979 à Sinnamary, j’ai vu un gars chasser avec un espèce de tromblon remplit de clous de tapissiers tirer sur des ibis rouges et des canards. Il a envoyé son chien ramasser quelques oiseaux morts, abandonnant de nombreux oiseaux mutilés et blessés dans les vasières. J’ai essayé de dialoguer avec ce cow-boy, en restant courtois et poli mais en essayant de lui faire comprendre la barbarie de son acte. J’ai été moi-même menacé de son tromblon ! Quelques mois plus tard, à l’entrée d’une piste, sous un arbre à graine, j’ai découvert un Toyota Hilux dont le plateau arrière était rempli de cadavres de toucans ! À cette époque, il existait une migration des toucans qui venaient par milliers se nourrir de graines d’arbres dans la région de Mana vers Pâques. Un gars de Cayenne venait tous les ans chasser quelques jours lors de cette migration de toucan. Un gars charmant, instruit, avec un bon métier, un bon salaire et qui était passionné de chasse. À mon arrivée, il venait de tuer et de ramasser son 250ᵉ toucan !!!! Il était content, il avait battu son record de l’année précédente et allait les vendre au marché de Cayenne. Je suis un peu resté pour discuter avec lui. Pendant que j’étais là, il a tiré sur trois toucans, un est tombé à ses pieds, il l’a ramassé, les deux autres blessés sont partis en planant en forêt. Il ne les a même pas cherché… trop dangereux me disait-il. « Il y a des serpents et on peut se perdre » ! Pour les 250 toucans tués, combien d’autres sont morts blessés en forêt ? J’étais horrifié. Allez maintenant à Mana à Pâques, faites les pistes à la recherche de la migration des toucans… si vous en voyez un, vous aurez de la chance. Ils ont été exterminés.

Témoins de ses mésaventures, j’ai voulu à dénoncer dans une revue écolo ces comportements irresponsables (j’ai été censuré) et j’ai tiré, souvent en vain, des sonnettes un peu partout pour faire cesser cette barbarie, Engagez-vous !

Soyez un consommateur responsable

Les insectes, papillons, mygales, coléoptères sont également victimes de chasse abusive et de trafics. Plus ils deviennent rares, plus ils deviennent chers, plus ils sont chassés. Ne contribuez pas à leur disparition. N’acheter pas de souvenirs fait de dépouilles d’animaux, cadre en ailes de papillon, cadre d’insectes… Refusez de manger de la viande de chasse. Boycotter les lieux, camps de vacances, qui en vendent. Faites des photos, acheter dessouvenirs fait en matière renouvelable, avec des bois recyclés, des bois morts collectés en forêts… Les meilleurs souvenir sont les photos ou vidéos de faune, de flore Vivant !

 Exemples d’actions positives :

Ramassez les déchets dangereux :

Lors des basses eaux, il est fréquent de découvrir des quantités phénoménales de piles devant les degrads. Les piles sont extrêmement polluantes. On en retrouve en quantité, jetées à l’eau aux degrads ou autour des lieux de bivouacs. Ramassez-les, ramenez-les pour qu’elles soient recyclées et surtout ne jetez pas vos piles.

Abandonnez la chasse et la pêche :

Troquez votre fusil ou votre canne à pêche contre un appareil photo. Vous serez le témoin des beautés de la nature et vous pourrez en faire profiter vos proches. Sous la pression excessive de la chasse de nombreuses espèces autrefois très abondantes sont menacées ou sur le bord de l’extinction. Il est plus gratifiant de les observer, de les filmer, de les photographier, d’apprendre à les connaître que de tuer les derniers survivants. Vous découvrirez bien vite qu’observer vos anciennes victimes, les regarder vivre, jouer, se nourrir… est bien plus passionnant gratifiant que les abattre et que faire de belles photos ou des films à partager avec vos amis et une source de plaisir sans cesse renouvelé et plus durable.

Aidez la faune

Des actions de réhabilitation d’habitats faunique sont régulièrement proposées, allez-y comme bénévole, vous pourrez ainsi acquérir des connaissances que vous pourrez mettre en action plus tard.

Détruisez les filets abandonnés, les pièges abandonnés qui continuent à tuer de nombreuses espèces devenues rares. Il est fréquent que des anacondas, des caïmans, des tortues, des poissons se noient dans des filets abandonnés ou emportés par des crues. Retirez-les de l’eau et détruisez-les pour qu’ils ne soient pas récupérés. Dans de nombreux pays où le poisson, victime de surpêche disparaît, les populations indigènes abandonnent les techniques de pêche moderne trop dévastatrices pour reprendre les anciennes techniques de pêche au harpon ou à l’arc.

 L’éthique du sans traces

Préparez-vous et prévoyez

  • Connaissez la réglementation et les particularités du lieu visité.
  • Préparez-vous aux intempéries, aux urgences, etc.

Utilisez les surfaces durables

  • Recherchez les sentiers existants, les dalles rocheuses, le gravier.
  • Utilisez les sentiers et les sites existants.

Gérer adéquatement les déchets

  • Remportez ce que vous apportez. Inspectez les lieux de halte ; ne laissez aucun déchet, restes de nourriture ou détritus.

Laissez intact ce que vous trouvez

  • Préservez notre héritage : ne touchez pas aux objets historiques et culturels, observez-les.
  • Laissez les pierres, les plantes et tout objet naturel tels que vous les avez trouvés.
  • Évitez de cueillir et de transporter des plantes.
  • Ne bâtissez pas de structures ou de meubles. Ne creusez pas de tranchées
  • Ne coupez pas de lianes (Lianes à eau par exemple), ne layonnez pas, ne coupez pas de palmiers....

Minimisez l’impact des feu

  • Emportez un réchaud de petite taille et optez pour une lanterne solaire ou à bougie pour vous éclairer.
  • Faites des feux de petite taille en utilisant uniquement du bois mort ramassé au sol et pouvant être brisé à la main

Respectez la vie sauvage

  • Pas de chasse, de pêche, pas de prélèvements d’insectes, papillons... Faites des photos
  • Observez la faune à distance. Ne suivez pas et n’approchez pas les animaux sauvages.
  • Ne donnez jamais de nourriture aux animaux sauvages. Ceci peut nuire à leur santé, altérer leur comportement, les exposer à des prédateurs et à d’autres dangers.
  • Laissez vos animaux de compagnie à la maison.
  • Évitez de déranger la faune durant les périodes sensibles de reproduction, de nidification, lors de la croissance des petits.

 Les capsules de conseil « Sans traces »

  • Elle sont disséminées dans le livre et encadrées de pointillés verts.

Le camp de tourisme

Il y a quelques années, dans un camp de tourisme en forêt ou j’étais invité, je me retrouve à table avec des douaniers, des gendarmes, des fonctionnaires de la répression des fraudes venus passer les fêtes de la Toussaint en Forêt. Au menu, du cariacou, du caïman, du toucan, du pécari… Le patron connaissant mes convictions écologiques me servit du poulet en se moquant de moi ! J’entendais des fonctionnaires qui auraient dû verbaliser le fait qu’on serve des espèces protégées, faire des réflexions du style, c’est la première fois que je mange une espèce protégée… c’est vachement bon, en se moquant de moi ! J’ai entendu ces mêmes personnes se plaindre le lendemain de l’absence totale de vie en forêt… ils n’ont rien vu. Je leur ai rappelé que le camp de vacances emploie deux brésiliens au noir pour chasser leur repas et que s’ils faisaient appliquer les lois en vigueur, ils auraient eu le plaisir de contempler la faune locale autrement que dans leurs assiettes. Le jour même, les deux chasseurs brésiliens sont tombés sur une bande de pécaris qui traversaient le fleuve. Ils en ont tués une vingtaine et n’ont pu en repêcher que trois… les autres ont coulé ! Ils ont été les vedettes de la soirée lorsqu’ils ont raconté leur consternant massacre ! Horrifiant non ? J’ai prêché par l’exemple, essayant de faire réfléchir les personnes présentes sur les conséquences de leurs actes.

Un canoë ou un kayak est l’instrument idéal pour découvrir la forêt vierge ’’sans traces’’. Il permet de transporter son matériel, sa nourriture, de progresser sans bruit et sans déranger la faune et il ne pollue pas, ne fait pas de vagues destructrices et cause d’érosion et vous permet une grande autonomie.

Le klepper sur la photo permettait d’avoir au minimum un mois d’autonomie pour deux personnes, plus en se serrant un peu... et en oubliant le superflu.