Bandeau
Aventure en Guyane
à l’époque où la jungle était intacte

10 ans de vie de Robinson en Guyane à une époque ou la Jungle était encore intacte et témoignage sur sa destruction.

Stage CEFE 9 1979
L’attaque des Cans-cans
Survie à Belizon

Histoire arrivée lors d’une survie à Bélizon, ou comment de vaillants militaires fuirent devant des oiseaux déchaînés...

Article mis en ligne le 24 octobre 1996
dernière modification le 27 octobre 2021

par Christian Voillemont

Une petite anecdote me revient à l’esprit, à cette époque j’étais marsouin au 9e bataillon d’infanterie de marine, première compagnie, première section et nous finissions notre stage CEFE 9 par une survie de 3 jours.
Les trois groupes de combat s’étaient séparés et nous avions bâti un camp de survie avec des matériaux de la forêt constitué d’un carbet en feuilles de palmiers, un boucan pour nos futures prises, des lits de jungles, sortes de lits en bois surélevés avec un plancher de branches et recouverts d’un matelas de feuilles. Une fois le minimum de confort assuré, il nous fallait trouver de quoi manger. Nous trouvions des insectes, mais ils ne sont pas trop dans nos habitudes alimentaires, à garder pour les cas extrêmes, des cœurs de palmier excellents, mais pas très nourrissants et diverses plantes comestibles, mais en trop petite quantité pour nous dix. Par contre, les poissons grouillaient. Il nous fallait les attraper avec des pièges primitifs faits en matériaux forestiers. Je bricolais une ligne de pêche et j’attrapais facilement des raies. Débarrassées de leurs dards, cuites, elles firent le régal des plus téméraires camarades de mon groupe de combat. Beaucoup étaient réticents à l’idée de manger de la raie, animal dangereux et redoutable qu’ils craignaient. Un de mes amis guyanais avait bricolé un piège ingénieux avec lequel il captura un oiseau de grande taille, un rapace grégaire de 60 cm de haut qu’ici on appelle en créole Can-Can*, car c’est le cri qu’il pousse. L’oiseau étant un peu trop petit pour nos féroces appétits, nous l’avons donc attaché par une patte à une cordelette. Nous voulions l’apprivoiser ou éventuellement le garder pour le manger plus tard. Lorsque le volatile reprit conscience et retrouva ses facultés, son premier réflexe lorsqu’il se vit prisonnier fût de pousser son fameux can can à plein poumon et sans aucune pause. Le vacarme attira ses congénères qui se posèrent tout autour, hors de portée de fusil. Après une longue observation de leurs parts et maints cris assourdissants, ils se rapprochèrent prudemment. Les plus téméraires s’approchèrent de leur infortuné camarade et nous encerclèrent. Nous étions cernés, sans armes et les oiseaux criards devenaient menaçants et faisaient mine de nous attaquer. Nous ne pouvions même pas libérer notre prisonnier, car ces congénères le défendaient en nous interdisant toute approche. Nous avons ramassé des battons et prêt à défendre chèrement nos vies nous repoussions leurs attaques de plus en plus fréquentes. Ils arrivaient en marchant sur le sol, leurs ailes déployées, et essayaient de nous donner des coups de bec et de griffes au visage ! Attirée par le vacarme assourdissant que faisaient ces dizaines d’oiseaux en colère, la pirogue de la sécurité arriva avec nos officiers qui voyant la situation, tirèrent quelques coups de feu en l’air. Les féroces volatiles se volatilisèrent. Pour rendre hommage au courage de nos irascibles Cans-cans et devant l’instance de nos officiers qui craignaient un incident, nous relâchâmes notre prisonnier et ce ne fut pas sans mal, car pour le détacher il fallut le maîtriser sans pour autant se laisser lacérer par ses coups de bec. Les blessés furent soignés. Du coup, il n’y eut que mes raies à manger et quelques aimaras et même les plus réticents s’en régalèrent. Les trois jours de survies se transformèrent en trois jours de vacances devant l’abondance des captures de raies. Par contre, moi qui ne mange pas de poissons, je fus à la diète et je ne mangeais que quelques petits oiseaux imprudents.

Alors soignez prudent lorsque l’on vous proposera un french can-can ...

**** Appelé KAKA par les Wayapis et Cancan par les créoles en référence à son cris, ce magnifique rapace est un Falconidés et se nomme en Français Caracara à gorge rouge ou Daptrius americanus pour son nom latin. C’est le plus grand des trois caracaras Amazonien.

Il mesure entre 50 et 60 cm de haut pour 1m à 1m15 d’envergure pour un poids de 500 à 700 gr

Oiseau grégaire il se déplace en petit groupe bruyants en forêt dense. Pendant que le groupe chasse insectes, guêpes dont ils raffolent, des guetteurs restent sur les branches haute pour signaler tout danger. Il rafole de larves et d’œufs de guêpes et d’abeilles mais ne dédaigne pas des fruits durs de palmiers et des invertébrés. J’en ai même vu piller des nids de tortues. C’est un des rares rapaces à vivre en groupe pour se protéger. Fait étonnant, les Caciques verts Psarocolius viridis et d’autres espèces suivent souvent les caracaras pour bénéficier de leur protection. Les Caracaras sont territoriaux et ont une structure sociale complexe. Les nids, les groupes en déplacements ont habituellement deux sentinelles qui sont nourries par le groupe. Si une sentinelle s’absente, elle est remplacée par un autre membre du groupe. Lors de la reproduction, les couples restent unis et fidèles et plusieurs membres du groupe et pas seulement les parents, peuvent venir nourrir les oisillons. Ces oiseaux sont extraordinaires et fascinants à étudier.